lundi 26 novembre 2012

Baclofène contre dépendance à l’alcool : bientôt une autorisation ?


    Le baclofène est un décontractant musculaire qui était jusqu’alors utilisé pour traiter les raideurs de la sclérose en plaque. Son supposé rôle de traitement contre l’alcoolo-dépendance a été découvert en 2008 par un cardiologue qui est devenu alcoolique : le docteur Olivier Ameisen. L’histoire veut que ce dernier a pu guérir de son addiction grâce au baclofène (cf. son livre : « Le dernier verre »).

   Depuis cette date, certains médecins utilisent de façon détournée ce médicament dans la lutte contre la dépendance alcoolique. En effet, il faut rappeler que le baclofène n’a toujours pas d’AMM* en France.

   Pour démontrer la supposée portée épidémiologique de ce traitement, le professeur Michel Reynaud (hôpital Paul Brousse à Villejuif) dirigera un essai clinique : "Alpadir" dont le but sera de fixer un cadre légal sur l’utilisation du baclofène (notamment trouver la dose-effet adaptée).

   Cette nouvelle étude, qui sera menée dans toute la France sur un échantillon de 300 personnes volontaires, fait suite à une publication du professeur Philippe Jaury (Université Paris Descartes) qui avait confirmé en mars dernier, l’impact positif du baclofène sur l’abstinence alcoolique.

    L’essai clinique mené par Michel Reynaud fonctionnera en double aveugle, c’est-à-dire en confrontant 160 patients traités avec le médicament et 160 patients traités avec un placebo. Ni les patients, ni les docteurs ne sachant quelle molécule sera utilisée.

   Cette étude cherchera également à tester la tolérance du médicament chez les patients, ainsi qu’à déterminer les éventuels effets secondaires induits par le traitement.

   Ce sera la firme pharmaceutique française Ethypharm qui sera le promoteur de cette étude. Elle fera la demande d’AMM* du baclofène si les résultats attendus « courant 2014 » sont corrects.

    Pour conclure, rappelons que l’alcoolo-dépendance est un problème grave de santé publique dans le pays, en effet la France comptant 1,5 millions de personnes dépendantes à l'alcool et 3,5 millions de personnes dont la consommation est excessive.  



* AMM : Autorisation de Mise sur le Marché 




Sources :    - Dépêche de l'AFP, 14 novembre 2012 : article complet
                  - Site du JIM, 15 novembre 2012 : article complet 
 



lundi 19 novembre 2012

Maladie de Crohn : des vers au secours du ventre ?


   1 personne sur 1000. C'est le nombre de personnes touchées par la maladie de Crohn en France. Il s'agit d'une maladie inflammatoire auto-immune* pouvant toucher n'importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l'anus. Découverte en 1932, cette pathologie est dite chronique. Elle est caractérisée par des cycles de crise (de différentes intensités) et de rémission plus ou moins complète. Le patient souffre alors de douleurs abdominales, de diarrhées fréquentes, qui s'accompagnent souvent d'une altération de l'état général.


   Seriez-vous prêt à ingurgiter des vers pour votre santé ?

  C'est en tout cas le sujet d'un essai clinique actuel qui se base sur une première étude réalisée en 2004. En effet, une nouvelle piste de traitement a été suivie par les chercheurs : protéger l'intestin fragilisé en y faisant séjourner un parasite que l'on trouve dans le tube digestif du porc! La 'petite bête' en cause est le ver Trichuris suis. Pendant 3 mois, une centaine de malades avaleront 7500 oeufs de T. suis, toutes les 2 semaines! Cette prise de 'médicament' d'un genre nouveau se fait sans risques, et sans possibilité de survie, ainsi que de reproduction de ce ver dans la flore intestinale humaine. En tout cas, c'est ce qu'à démontré le premier essai (voir source).


    Serions-nous devenus trop propre ? 

 Tout est parti d'un constat épidémiologique soulignant l'augmentation des maladies chroniques auto-immunes dans les pays industrialisés par rapport aux pays en voie de développement. Les chercheurs ont alors fait l'hypothèse d'un lien entre la non exposition à des pathogènes infectieux et d'helminthes* avec la survenue de maladies auto-immunes. 
"Comme si, à force de vivre dans un environnement aseptisé, le système immunitaire, moins agressé qu'auparavant, s'était mis à s'attaquer lui-même, déclenchant allergies et maladies auto-immunes", selon un spécialiste de l'INSERM*. Au demeurant, "dans des pays émergents tels que l'Egypte et l'Argentine, où il y a eu des campagnes contre les parasites et une modification du mode de vie vers plus d'urbanisme,on voit apparaître ce genre de maladie qui n'existaient pratiquement pas".


   Avec 4 à 5 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an (en France), toute piste est étudiée pour stopper ce récent fléau. Rappelons qu'à l'heure actuelle, les médecins ne savent pas guérir ce type de pathologie et traitent les patients par étapes selon l'efficacité de tels ou tels médicament. Par conséquent, tous attendent les potentiels bienfaits d'une telle avancée. 



L'auto-immunité : chez les êtres humains est un mauvais fonctionnement du système immunitaire qui est incapable de reconnaître ses propres éléments comme "siens" et qui entraîne une réponse immunitaire contre ses propres cellules et tissus. 

* Helminthes : nom général qui désigne une partie des vers parasites d'organismes animaux et/ou humains, communément nommé "vers"

* INSERM : Institut national français de la santé et de la recherche médicale
   

Sources : - article du site 'informationhospitaliere.com' du 30-08-2012 : texte complet
               - résultats de la 1ère étude clinique en janvier 2005  texte en anglais
               - article du laboratoire américain qui s'occupe de l'étude  coronadobiosciences.com
               - information sur la maladie de Crohn association françois aupetit
              

lundi 12 novembre 2012

Parkinson : une étude sur l'Homme à suivre...


  La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative  évolutive (perte progressive de neurones). Elle est due à une diminution de dopamine dans le cerveau, ayant pour effets des tremblements au repos, des raideurs et une lenteur dans les mouvements. Elle affecte principalement les personnes âgées de plus de 60 ans.

  Jusqu’à présent, les traitements mettaient l’accent sur le ralentissement de la chute de dopamine dans le cerveau. Cela est efficace au début, mais l’est beaucoup moins quand la maladie progresse.

   Début 2013, en Nouvelle Zélande, des premières études auront lieu sur des humains. Il s’agira de patients ayant été diagnostiqués au moins depuis 4 ans avec la maladie de Parkinson. Cet essai clinique de "phase I" durera 60 semaines et sera dirigé par le Dr Barry Snow, expert international de la maladie de Parkinson. Des cellules du plexus choroïdes* de cochons de l’île d’Auckland (Nouvelle Zélande) seront transplantées dans le cerveau des patients. Elles devraient permettre de protéger le cerveau et d'aider la réparation des tissus nerveux endommagés.


   La recherche préclinique sur les animaux s’était montrée efficace :
-          Augmentation de la production de dopamine
-          Meilleure motricité
-          Tolérance des médicaments, aucun signe d’inflammation ou autres effets secondaires
-          Une amélioration des symptômes après 2 semaines pendant au moins 6 mois.


  Le Dr Snow déclare que la maladie de Parkinson est un trouble pour lequel les scientifiques peuvent aider les patients à gérer, mais qu'ils ne guériront jamais. Ces essais participeront aussi à sensibiliser le public et à améliorer la façon dont la maladie est prise en charge.


  Un réel espoir est donc ici envisageable pour les personnes atteintes et leur entourage. 

*Les plexus choroïdes forment les structures des parois des ventricules du cerveau où le liquide céphalorachidien est sécrété.

Source : article en anglais du 8 octobre 2012 provenant du  Medical News Today

lundi 5 novembre 2012

PLACEBO: Le mystère de son effet enfin élucidé ?

    Un placebo est un médicament sans principe actif. Il n’a donc aucun impact pharmacologique sur la pathologie qu’il est censé traiter. Pour autant, il n’est pas toujours sans bénéfice sur la santé des patients, car il agit via l’effet placebo. Celui-ci est l’effet positif produit par un médicament ou par un geste thérapeutique n’ayant pas d’efficacité démontrée.

      
  Le placebo joue un rôle essentiel en médecine et en recherche clinique depuis plus de 70 ans. Les chercheurs du Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC) et de la Harvard Medical School se sont penchés sur la question :

Pourquoi un placebo peut-il soulager les symptômes de certains patients et pas d'autres ?

    Les auteurs se sont basés sur les données d'un premier essai mené en 2008 pour étudier l'effet placebo chez des patients atteints du syndrome du côlon irritable. 
    De plus, sachant le rôle important de la dopamine dans les circuits de la récompense et de la douleur, les scientifiques ont donc commencé leur recherche par la voie dopaminergique. Ils ont alors rapidement abouti au gène COMT (catéchol-O-méthyltransférase).

    Le gène COMT 

   Les chercheurs ont ensuite identifié 3 variations de ce gène. Il est représenté dans le génome des individus avec soit : 
- 2 copies de l’allèle méthionine (Met/Met)  =  individu "à double Met", 
- 2 copies de l’allèle valine (Val/Val)            =  individu "à double Val", 
ou 
- 1 copie de chaque (Val/Met).

 «Notre étude confirme l’importance de la réponse au placebo en fonction du génotype et son augmentation linéaire avec la disponibilité de dopamine. En particulier, les patients « à double Met » montrent une amélioration de leurs symptômes avec placebo par rapport aux patients « à double Val » ».


     Met/Met ou Val/Val ? 

   Ces résultats suggèrent donc qu'il serait possible de définir un marqueur génétique de la réponse au placebo (comme Met/Met) et un marqueur de non-réponse (comme Val/Val).

    Cependant, les chercheurs soulignent l’influence incontestable de l'environnement clinique et de la relation médecin-patient dans la réponse au placebo, et nuance ainsi leurs résultats. Nous comprenons bien ici que l'enjeu est énorme puisque cela remettrait en cause toute la recherche clinique!


Source : - article de la revue PLoS ONE, 23 octobre 2012 : texte complet